« Tout est vrai. » Star Wars VII Bande d’annonce

20 10 2015

Aujourd’hui était mis en ligne la bande d’annonce du prochain Star Wars. Un « trailer » certainement murement réfléchi par des dizaines de monteurs car il sera décrypté plan par plan par les fans du monde entier.
Pourtant la plus belle surprise de cette bande d’annonce est certainement l’apparition de Han Solo qui annonce que « Tout est vrai. »…
Voilà, le simple fait de remettre la « religion » Jedi dans le domaine des légendes ( comme l’épisode IV le laissait supposer dixit Solo: « Toutes ces croyances à la noix et ces armes démodées, ça ne vaut pas un bon pistolaser au côté ») est la meilleure surprise de ces deux minutes montées en crescendo.

Rappelons que le personnage du contrebandier était en quelque sorte la « caution » des parents qui encadraient leurs bambins en 1977 dans les salles de cinéma. Ces derniers se projetaient dans Luke Skywalker, naifs et enthousiastes quand leurs géniteurs accompagnants vibraient devant le cynisme et l’attitude distante de Solo.

Mais cette fois ci grand père Solo est le porteur du flambeau. C’est lui, le vétéran qui « a vu » la légende Jedi.
« Tout est vrai ».
Il va devoir convaincre une nouvelle génération incrédule que le cauchemar a déjà commencé.





OBLIVION – Beau et bon comme l’oubli.

4 10 2013

Ah, Joseph Kosinsky, je ne pensais pas le croiser d’aussi tôt celui là. Surtout après l’immonde déception (bouze) qu’est Tron Legacy dont seule la bande originale des Daft Punk trouvait gràce à mes yeux.

Oblivion est le deuxième long métrage de Joseph et force est de constater qu’il est encore plus ambitieux que le premier. Sauf que là, et ben il y a une histoire.
Et une histoire que j’ai tout simplement adorée.
Bref, j’ai pris un immense pied devant ce film à l’esthétique pointue et aux images grandioses.

Avec Mission Impossible Ghost Protocole, ce sera la deuxième fois que Tom Cruise réussit à me passionner sans me crisper. Son personnage devait être joué par Cruise. Personne d’autre ne pouvait être aussi « parfait » pour le rôle… Vous comprendrez en alors voir le film.

Oblivion c’est une excellente histoire avec une fin magistrale. Un casting de haut vol et une mise en scène soignée et grandiose. Le tout servi par les M83. A croire qu’après les Daft, Joseph est abonné aux Frenchies pour ses B.O. En fait il est fan de M83 depuis 2005 en particulier du morceau Unrecorded sur l’album Dead Cities, Red Seas, & Lost Ghosts. Très inspirés, les Antibois nous livrent ainsi une musique aux thèmes puissants et à l’efficacité mélodique digne de vieux briscards.  Kosinsky s’est arrangé pour que Anthony Gonzales rencontre Joe Trapaneze, déjo responsable de l’orchestration pour les Daft sur Tron. Au final le film possède une belle empreinte musicale. Ce qui une fois encore est assez rare au milieu des galimatias stéréotypés qu’on nous sert dans tous les Transformers et autres Bataille Los Angeles… Le symphonique et le synthétique fonctionnent toujours aussi merveilleusement bien et le final chanté par la norvégienne Susanne Sunfor a été comme un marque au fer rouge sur mon coeur d’artichaud. Du moins pour moi qui ai versé ma larmichette… 😀
Une fois n’est pas coutume, bordel ! Pour une première musique de film M83 fournit un travail phénoménal ! Une vraie claque !

En fait dans le travail minutieux de Joseph Kosinsky on sent bien qu’ Oblivion devait être son premier film et non Tron Legacy. Il traine ce projet depuis une demi décade et n’a cessé de l’améliorer dans les moindres petits détails. L’histoire est complexe mais tout fonctionne comme de la haute horlogerie. Les rapports entre les personnages sont complexes et dynamiques. Les mystères soulevés donneraient envie d’une belle novellisation pour mieux les comprendre.
Depuis Ratatouille je n’avais pas pris un direct au coeur aussi brutal. Un pop corn movie qui vous attrape par les trips et les neurones c’est plutôt rare. Oblivion est aussi efficace qu’Elysium mais apporte une touche de lyrisme  et d’élégance qui font beaucoup de bien. Oblivion c’est beau et c’est bon.

Joseph Kosinsky est professeur d’architecture et Oblivion a d’abord été un roman graphique pour illustrer certains de ses concepts architecturaux. Rien que pour ça le film vaut le détour car aussi bien les engins que les lieux d’habitation ont été entièrement contruits à l’échelle 1/1. Ils ont même été éclairés « en direct » pendant le tournage par d’immenses écrans vidéos haute définition. Pas d’incrustrations, pas de fond verts mais le retour de manivelle d’une ancienne technique utilisée par James Cameron dans Aliens par exemple, la projection frontale. Mais cette fois au lieu d’avoir une projection ce sont des écrans de très haute définition qui donennt le change. La photographie est tout simplement sublime. Au cinéma c’est un plaisir de s’asseoir confortablement et de « vivre » Oblivion, de s’immerger… Il y a une réelle volonté du metteur en scène de proposer un film de SF loin des coursives sombres et de l’espace profond mais d’ouvrir le champ en pleine lumière du jour. Claudio Miranda, oscarisé pour l’Odyssée de Pi et dir phot de Se7en, connait et travaille avec Joseph Kosinsky depuis 2005, entre autres sur des publicités.  Ensemble ils avaient eu l’idée pendant Tron de se passer de fonds bleus et verts pour utiliser des murs de LED et ainsi se passer complètement de l’incrustation. C’est ce qu’ils ont réussi à faire, offrant des couchers de soleil à des décors grandeur nature. Et puis pas de 3D pour Oblivion. Un choix initial qui privilégie la clarté des images et qui va à l’encontre de la mode idiote du tout 3D à 15 euros la séance.

Vous avez remarqué ? Je ne vous rien dévoilé de l’histoire. Non, ce n’est pas une copie de Wall-E, ni de l’Armée des Douze Singes… mais il y a une forte filiation.
Un film de SF intelligemment construit et surprenant qui tente à prouver que le véritable amour dépasse l’individualisme. Ca fait un bien fou !
Réussi dans les moindres détails. Offrant des images tournées en Islande et une intégration des CGI bluffante, Oblivion est un poême qui ne m’a pas laissé du tout indifférent.
Joseph Kosinsky a signé là ce que je considère comme un chef d’oeuvre où tout est mis en oeuvre pour que vous passiez un merveilleux moment.
Mince alors, comment Kosinsky peut il rater Tron et réussir Oblivion. Comment un Snyder peut réussir Watchmen et rater Superman ? Et Jackson avec King Kong ?…
Mystère et boule de gomme. Les arcanes des studios…
J’espère qu’Oblivion ne tombera pas dans l’oubli… Certainement mon meilleur film de l’année 2013, à moins que Gravity vienne le détroner. A suivre donc.





DEXTER SAISON 8 – La Mort Malgré Tout.

3 10 2013

Les super prédateurs me fascine. Ce sont des tueurs de tueurs. Des seigneurs.

Oh, et il n’y aura aucun spoiler.

L’ennemi de mon ennemi est mon ami. C’est sur cette idée que Dexter m’a passionné pendant huit saisons. Un personnage tellement aiguisé et dangereux qu’il en devient dangereux pour ceux qui « fonctionnent » comme lui.   A ce sujet les romans de Jeff Lindsay qui ont inspiré la série, permettent de vraiment comprendre à quel point Dexter pense différemment. L’absence d’émotions et d’empathie est un handicape énorme. Sans compter sur son « besoin » cyclique et maladif de découper des mammifères en carpaccio…  En bon psychopathe, Dexter est avant tout un égocentrique, le nombril du monde.

Terminer une histoire n’est pas toujours facile. Sauf si, lors du processus d’écriture, vous écrivez d’abord la fin de votre histoire. Ce qui est plutôt rare lorsqu’on lance une série qui va continuer pendant 8 ans. Faire aimer un égocentrique est aussi difficile sauf si celui ci est fascinant. Fascinant comme un grand requin blanc.  Dexter pense avec logique. Il s’aide du fantôme de Harry, son père. En revanche, le « Passager Noir » (celui qui prend les commandes lors de ses moments les plus noirs) est rarement mentionné, à la différence des romans. Notre super prédateur fait preuve de prudence et de savoir faire. Sauf que la loi de Murphy, celle qui fait que les tartines tombent toujours du coté beurré, va se mettre de la partie.

La septième saison a été ma favorite du point de vue de l’écriture et de la mise en scène et ce n’est pas sans une petite boule au ventre que j’ai abordé la huitième qui avait avec comme objectif de mettre un terme à la série. Au bout de 8 saisons, les personnages ont eu le temps d’évoluer et d’interagir, formant une trame complexe et passionnante. Si chaque personnage était une piste d’un morceau de musique sur une console de mixage, les scénaristes deviennent des « arrangeurs ». Il s’agit de ne pas décevoir, de surprendre et de permettre aussi de faire le deuil de la série.

De mon point de vue le pari est réussi. A l’instar de certains bons livres, les surprises abondent tout au long des 12 épisodes de la saison 8 et jusqu’au bout, j’ai été tenu en haleine. Le tout est raconté avec élégance, sobriété et humanité. Naturellement Dexter a commencé à « changer » et a commencé à ressentir de l’empathie et de l’amour. Il est maintenant capable de sacrifice pour ceux qu’il aime.  Une maman ourse est bien plus dangereuse quand elle protège sa progéniture, le tueur en série met son art morbide au service de la « bonne » cause. (Tout comme lorsque Magnéto avait pris la tête des Xmen, on aime les « méchants » qui retournent définitivement leur veste. C’est ce qui m’a manqué dans le dernier Star Trek… ou même ce que j’aurais souhaité dans Elysium.)

Les péripéties abondent et on ne se moque jamais du téléspectateur. Aucun Deus Ex Machina ni piétinement comme pour « Under The Dome ». L’histoire va droit au but. Dexter qui ne ressentait rien est devenu un vrai protagoniste: il souffre et on veut le voir s’en sortir.

Bref, Dexter se termine et se termine comme une symphonie. L’accord final est majestueux, élégant, imparable et satisfaisant.





End of Watch, Chronicle, Blair Witch…Les vrais faux projets videos

18 02 2013

Les acteurs se filment eux même et le justifient: il s’agit leur projet video à eux.

Et si vous en devenez le spectateur, cela signifie que… vous êtes dans la confidence, dixit le carton au début de Cloverfield par exemple.

L’avantage du « reportage » est la possibilité de justifier un mauvais éclairage, un cadrage approximatif et des faux cuts à foison. Pour « faire vrai ». En attendant si les jeux des acteurs n’est pas juste et les effets spéciaux bons, l’immersion fonctionne. Cela fait vrai.

Alors facilité ou trouvaille ?

Le scénario de ce type de film demande aussi une certaine malice pour que le spectateur se laisse piéger à cette « vraie fausse réalité ». En y regardant de plus près, on trouve une attention aux moindres détails surtout dans la mise en scène. En effet, les moyens de prise de vue sont partie prenante de l’histoire. Les protagonistes leur parlent, les font bouger quand elles ne sont pas dans le champs. Dans End of Watch ce sont des petites camera portées sur les uniformes par exemple…

Bref cette nouvelle façon de raconter des histoires est à la mode. Elle casse les codes et la grammaire cinématographique. Le résultat est souvent une avalanche de plans de coupes et de cadrage bâclés volontairement. Ce qui peut devenir rapidement pénible ou excitant. C’est comme faire de la musique avec du bruit. Certains y arrivent très bien d’autres se plantent. Et au vu des budgets moindres de ce genre de production, il est certain que les producteurs vont nous en sortir jusqu’à ce que le genre lasse.
Mais après l’horreur hyper rentable de Blair Witch à Paranormal Activity en passant par Rec, la SF avec Cloverfield et Chronicle c’est au genre policier qu’on a affaire avec End Of Watch, faux docu fiction et vrai Buddy Movie.
Une chose est certaine, il ne pourront pas nous servir ni peplum, ni western…





Le Territoire des Loups – The Grey fait grise mine.

26 02 2012

Le sentiment d’une belle arnaque.Pour la simple et bonne raison que l’affiche est la dernière image du film. Dans le genre frustration on atteint des records.
On ne s’aligne même pas sur « A couteaux Tirés » (« The Edge ») loin d’être parfait mais qui tenait au moins ses promesses.
Alors des loups en animatronics mal animés et qui grondent comme des tigres enroués, des personnages désignés pour se faire bouffer principalement par des attaques hors cadre dignes de « Mammouth » et un script aussi prévisible qu’une liste de course chez Leader Price … tout cela gachent le spectacle et quelques belles idées de mise en scène/photographies.
C’est quand même limite une grosse arnaque ce film.
J’en connais qui vont être très déçus.

Cherchez pas, cette image « wolverinienne » n’est même pas dans le film.





Terra Nova – Atterrant et pas nouveau…

22 01 2012

 

 

Avoir des moyens et des idées sont deux choses différentes.
Terra Nova c’est la plus belle collection de clichés jamais promue au rang de série « culte » avant sa sortie.
Même Didier Barbelivien aurait honte d’avoir pondu une daube pareille.
Le photocopieur est la principale source d’information, ou plutôt le « copier coller », comme on dit de nos jours, hein Didier ?

Bon, alors keskideconne ?
D’abord un casting à vouloir se mettre Valérie Pécresse en fond d’écran pour compenser (en un mot): que des têtes à claques.
Des personnages sans profondeur, prévisibles et au body language tellement 2012 (pour des gens qui sont censé venir de notre futur…)
Une musique désastreuse, une mise en scène en cliché…
Mais surtout pas d’histoire originale et des personnage qu’on rêve de voir servis au breakfast des T-rex du coin.

Terra Nova ou comment polluer le monde avec les pires remugles de l’American Way of Life. S’ils avaient pu installer un Macdo dans leur colonie, ils l’auraient fait.
Mais, tiens, faisons une petite expérience. Nous sommes en 2012. Quel serait le body language, les attitudes, le langage, les pauses d’une famille de 1860’s… Ah les Sixties By Gaslight… Ouai, le genre nos arrières grands mères font du ski. Bref, on imagine ces moustachus, droits comme des « I » en train de se promener en marchant en canard.
Mais une chose est certaine: ils ont une attitude totalement différente de nos contemporains. Pas de « Yo Mama!!! »
Pensez vous qu’un seul des créateurs de la série Terra Nova ait une seconde tenté d’imaginer que dans 150 ans les gens pourraient se comporter d’une manière totalement différente que maintenant ?
Et ben non.
De gros moyens (20 millions d’euros pour les deux premiers épisodes???) et zéro idée.

Et tout est du même tonneau.
Terra Nova c’est du travail bâclé pour des spectateurs abrutis.

Boycottez ce genre de daube.
Quand je pense que ce sont les mêmes « irresponsables-bas du front » qui ont torpillé Megaupload. (Quoi qu’ils doivent bien s’entendre avec son fondateur…)
On en vient presque à souhaiter qu’une jolie meute de vélociraptors puisse remonter le tunnel du temps et venir chatouiller les arpions de toute cette bande de « tableurs sur pattes ».
Heureusement il nous reste Sherlock, Fringe, Game of Thrones… Bref. Des séries qui renouvellent le genre et pas des Terra Cognita.





Game of Thrones – L’Heroic Fantasy adulte. (sans spoilers)

21 08 2011

Le Trone de Fer
HBO frappe toujours aussi fort. Après l’excellent Rome de John Milius et Bruno Heller, c’est l’adaptation du Trône de Fer de George R.R. Martin par David Benioff et D.B. Weiss qui a fait une apparition fort remarquée sur les petits écrans US ce printemps.
Bon tous les renseignements habituels sont déjà en ligne sur Wikipedia. Et un nombre immense de blogs offrent des tas d’infos car depuis la diffusion des 1O premiers épisodes, tout le monde est unanimes pour dire que Game Of Thrones c’est de la balle ! Alors qu’est ce qui rend cette série aussi « parfaite » dans son fond et sa forme.

D’abord la plume de George R.R. Martin, qui a su créer un monde cohérente et passionnant. Sa lecture me ravit par sa fluidité et sa vivacité. « Le Trône de Fer » est un superbe livre de vacance: immersif, dépaysant et addictif.

Il en est de même avec la série.
Bon sans le moindre spoiler, il faut savoir que:

Sous ses faux airs de série américaine tournée en Nouvelle Zélande, nous avons affaire, comme pour Rome, à une série britannique tournée en Europe et en Méditerranée.
Le casting est somptueux, servi par des acteurs qui jouent tous juste. Certains seconds rôles sont de vrais régals. Aucun personnage n’est laissé en friche.
L’intrigue est découpée de manière a créer des cliffhangers inattendus et immédiatement accrocheurs par la malice avec laquelle ils sont amenés.
Les dialogues font tous mouche.  Parfaitement adaptés du roman, ils sont ciselés avec amour.
La mise en scène est rigoureuse et fait la part belle à l’utilisation des Matt Paintings digitaux intégrés avec la rigueur des productions britanniques.
La musique, dès le superbe générique digne de maquettistes fous, vous suit tout au long de la journée. (Ramin Djawadi offre un très beau thème au violoncelle avec effet « papayou » assuré…)

Au final on obtient une œuvre grandiose d’une dizaine d’heures qui vous submerge et vous passionne.
Voilà un exemple de ce que le cinéma actuel, formaté et limité par la distribution, n’arrive plus à fournir.
Tous les fans du Seigneur des Anneaux ont acheté les coffrets DVD où les films explosent les durée totales.
Idem pour les Watchmens qui dans leur version DVD atteignent presque 4 heures.
Mais peut on rivaliser avec un long métrage de 10 heures ?

En dix heures, tout en respectant au millimètre l’oeuvre originale, on a le temps d’éclairer un monde complexe et touffu. On a le temps de se passionner pour la destinée des personnages. On a le temps de se laisser emporter par un formidable spectacle. Une « comédie humaine » violente, érotique, torturée, exaltante, somptueuse, révoltante, excitante, drôle, tragique… une fantaisie épique pour adulte où les conséquences des actes des personnages se soldent quelques fois par de sérieuses coupes dans le casting !

Alors pourquoi faut-il regarder Games of Thrones ?
Parce qu’il s’agit à mon humble avis de l’un des plus beau cris d’amour à l’heroic fantasy porté à l’écran. Une des rare séries qui ne prenne pas les spectateur pour un consommateur sous hypnose. C’est un superbe coup de poing sur la table. Bon Dieu! On peut faire ça à la télévision !!! Oui et avec beaucoup beaucoup d’amour.

Le TRone de Fer





Manu Katché – One Shot Not: ARTE au coeur des artistes

2 05 2011

S’il y a une émission qui m’a réconciliée avec les indigestes « Musicales » et autres « Taratata » c’est bien « One Shot Not » l’émission « musique » de Manu Katché sur Arte les dimanche à 23h30. A la manière des « Evening with Joolz Holland », le présentateur (M.K.) est aussi un musicien talentueux capable de parler le même langage que ses invités.
D’abord il s’agit d’une émission qui se veut subjective car Manu Katché invite qui il veut, et ce sans suivre particulièrement les promos des sorties d’albums, mais avant tout en se faisant plaisir et en faisant plaisir aux artistes. Ensuite, on va à la rencontre des musiciens et des chanteurs comme si on avait un pass back stage où tout le monde se croise avant ou après la scène.
La scène, parlons-en, est au même niveau que le public, délimitée par des tapis orientaux, ce qui renforce l’impression que tout ce beau monde vient donner concert dans son salon. La réalisation est sobre, fluide et l’éclairage intimiste. Les artistes sont livrés dans de beaux écrins.
One Shot Not est une des rares émissions où j’ai ressenti une « vibration » et une « empathie » vis à vis des interprètes. Ils sont annoncés par une voix off de Manu Katché qui sait les mettre en valeur par quelques anecdotes, les encourager (on voit à quel point la plupart de ces artistes sont timides) et les accompagner.
Il y a dans cette émission une envie de nous montrer des artistes dans les meilleurs conditions de confiance possible et ils donnent le meilleur d’eux mêmes.
De fil en aiguille, on découvre où redécouvre des talents qui viennent rajouter une touche de couleur dans sa mosaïque harmonique personnelle. Les interviews sont en coulisse, évitant les applaudissements du public à la première boutade mais surtout elles sont conduites avec pertinence et connivence sans être ni artificielles ni intrusives. On assiste aussi en backstage à des rencontres entre musicos où on capte des anecdotes, laissant deviner et entrevoir la tapisserie mondiale des vagabonds de la musique.
Manu Katché en ayant carte blanche, se fait plaisir et nous fait plaisir et son émission est un oasis orgasmique au milieu d’un PAF calibré et navrant de condescendance avec la Médiocrité avec un grand M. Et puis je n’ai pas ressenti particulièrement une injection bourgeoise/bohème, juste une envie de « bonne » musique selon l’initiateur de l’émission, mise en valeur par ses meilleures ambassadeurs.
J’aime cette subjectivité. Force est de constater qu’à la base Manu Katché n’a pas les mêmes gouts que moi mais il est certain qu’il me fait découvrir de nouvelles saveurs et des petits plats mitonnés aux petits oignons.

« Pas de bla-bla, pas de promo, une programmation pointue. On ne se demande jamais si on va faire plaisir aux branchés ou, pire, à la ménagère. Le seul critère de programmation, c’est mon goût. Un luxe incroyable !
Je fais des interviews plus intimes et je vais dans les coulisses à la rencontre des artistes. Le concept de l’émission reste le même : une ambiance de club de musique où les artistes sont physiquement proches du public.
 »

Tout est dit !
De plus l’émission est accessible sur le net via deezer ou le site d’Arte… bref de la générosité en voici en voilà !
One Shot Not sur ARTE le dimanche soir, tard !

Et aussi un excellent poste sur http://www.clementlepetit.com/ consacré à cette émission il y a un an avec une entrevue avec Monsieur Katché !
Vive l’espace de liberté de Manu Katché ! Vive ses gouts musicaux ! Vive le savoir faire des artisans qui font de One Shot Not ce précieux petit bijou cathodique.
On en a les larmes aux yeux et l’impression de vivre des moments exceptionnels….
Allez! Ouvrez la cage à oiseaux ! Regardez les s’envoler c’est beau !!!





Eddie Izzard ose ! « Stripped » tout en Français au Théatre des Dix Heures !

14 04 2011

Eddie Izzard

Connaissez vous Eddie Izzard ? Ce stand up comedian britannique est le premier véritable « Executive Transvestite » (il se considère comme une lesbienne coincée dans le corps d’un homme!) capable d’imiter James Mason annonçant la création du Monde avant de vous faire vivre la version française de Speed (prononcée « Spid »!), Lord Vador se rendant à la cafétéria de l’Étoile Noire ou encore l’Inquisition Espagnole qui vous donne le choix entre la mort ou une part de gâteau – Cake or death ? …. Cake please ! 🙂
Bref les cinéphiles de tous poils sont choyés dans des show délirants où tout se joue via une fausse désinvolture et un sens du groove inné et génial.
Pour rappel Eddie, polymorphe talentueux, a une cinématographie impressionnante. Il a été aussi bien dirigé par Jan Kounen (Blueberry) que Bryan Singer (Walkyrie), que Steven Sodenbergh (Ocean 12 & 13), qu’Ivan Reitman (Ma Super ex), que John Turturro (Romance and Cigarettes), que Kinka Usheer (Mystery Men) ou encore dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir ou il pilotait frénétiquement des frelons robots depuis sa Mini Cooper… (quel nanard ce film…). Oh il est aussi dans Secret Agent de Christopher Hampton dont la musique de Philip Glass est tout bonnement sublime…

Izzard

Albion bac !
Sauf que le Sieur Izzard qui justifie à lui seul la glorieuse existence de l’Humour Anglais avec une fluidité et une finesse dans le non sens dignes des plus grands sketches des Monty Python, nous propose (pour la deuxième fois dans sa carrière) d’adapter un de ses spectacles (« Stripped ») non pas dans la langue de Shakespeare mais dans celle de France Trois Picardie !
Surtout que son premier essais, il y a une dizaine d’années, bien qu’absolument méga courageux et bourré de bonne volonté, souffrait d’un français trop hésitant et buttant sur les punchlines. Bref, cela ne « fonctionnait » que sur trois cylindres. Il lui manquait la tchatche, la vivacité et la maitrise du verbe qui sont ses armes de destruction massive dans sa langue natale. Eddie Izzard a quand même « fait » Wembley devant 11000 pinpins. Mais comme il est un perfectionniste revanchard, il s’était promis de revenir.
Donc, voici donc le retour d’Eddie « La Vitesse » Izzard, gonflé à bloc, devant un public parisien francophone , qui va découvrir le spécimen. (En écoutant un interview à la radio australienne, il a bien compris que Darth Vader en français se dit « Dark Vador » !… Il y a donc du boulot en amont et le premier Stand Up Comedian polyglotte (natif du Yemen, il prépare un show en Arabe!) nous parait donc fin prêt ! )

J’y vais le 21 avril, la veille de mon anniv’ (c’est mon cadeau!) et j’espère bien qu’Eddie va nous régaler de son charme bondesque, de ses airs goguenards, de ses mises en situation ubuesques et de ses running gags. (A ce sujet il a couru 41 marathons en 53 jours pour « Sport Relief »…Sportif !)
Je reviendrai sur ce poste ensuite pour vous donner mes impressions à chaud !
Plus de renseignements sur le site d’Eddie.
Pour les anglophiles un bel article ici.

Gageons que cette fois Eddie a révisé son imparfait du subjonctif afin d’imiter l’écureuil qui lui a piqué un bâton de rouge à lèvres… Mais j’ai le sentiment que cela va être une « pure soirée ».
Le temps d’imprimer la contremarque et rendez vous le 22 avril pour la fin de ce poste.
Eddie

– MISE A JOUR DU 22 AVRIL –
Hier soir, accompagnés de Kristin Scott Thomas, Gilbert Rozon, Elie Seimoun et Max Boulbil, nous sommes allés voir Eddie Izzard, donc. Les places A7 et A8 étaient au premier rang et en plein milieu. Bref, sans doute le meilleur endroit pour avoir l’impression d’avoir invité Eddie Izzard dans son salon. Une panne de micro à mi parcours renforçait d’ailleurs cette impression de proximité et de moment unique.
Alors Izzard en français ? Le retour… ça marche ou pas ?
Et ben ça fonctionne à merveille ! Une crampe prolongée aux zygomatiques ainsi qu’une voix enrouée à force de rire en sont les preuves.
Le rythme et les punchlines étaient bien en place. Les improvisations permanentes n’ont laissé personne indifférent. Tout le monde est tordu de rire du début à la fin.
Le spectacle ne dure qu’une heure pile. A la limite c’est pas plus mal, après rire devenait presque douloureux.
J’en suis ressorti épuisé, heureux, sur un petit nuage…
Bref Eddie Izzard au Théatre de Dix heures c’est un moment rare et purement extraordinaire. Pari réussi ! Bravo Monsieur Eddie !!! *****

Et ce soir au Grand Journal de Canal Plus devinez qui était au premier rang en admiration devant le génial comique (cliquez sur la photo pour lancer la vidéo et avancez jusqu’à la quinzième minute…)

Nemo watching Eddie

Et ouaih… y’a des p’tits plaisirs comme ça. Faut pas les bouder ! 😉





Le Discours d’Un Roi: une belle leçon de c..c..courage !

6 02 2011


Quand un homme public de sang bleu est handicapé par son bégaiement, comment un thérapeute Australien aux méthodes exotiques, aux antipodes de son époque va-t-il pouvoir l’aider ?
Surtout ne pas en dire plus pour ne pas déflorer ce merveilleux moment de cinéma qui vous attend. Il est impossible de ne pas être totalement charmé par la beauté et la justesse de cette expérience cinématographique. Une fois que le noir est fait dans la salle, on avance ensuite à pas de loup dans une histoire où vous seront dévoilés les coulisses d’une monarchie, ses obligations et ses devoirs à un tournant crucial de l’histoire du XXème siècle. Chaque acteur est inspiré par son personnage servis par des dialogues laissant la part belle aussi bien à la fantaisie et qu’à la pertinence des propos. Cela nous donne de superbes échanges, assaisonnés comme il faut, avec juste la petite pointe d’impertinence « so British » qu’on attend d’une telle production. C’est justement ce dosage entre l’amidonnage ampoulé d’une étiquette pesante anglaise et les propos goguenards d’un Australien qui va mettre vos zygomatiques et vos glandes lacrymales à contribution. C’est aussi un tournant historique où la radio (« The Wireless », la Télégraphie Sans Fil) s’invite dans tous les foyers et où le roi ne peut plus se contenter de savoir bien se tenir à cheval: il faut qu’il sache parler au monde entier sans bafouiller.

Scénaristiquement, à Hollywood on appelle cela « a desperate need »: le personnage central est « prêt à tout » pour réussir à vaincre son handicap et l’histoire va s’arranger pour mettre la barre encore plus haute. Finalement ce film pourrait être aux orthophonistes ce que Rocky est aux entraineurs de boxe. C’est ce même paradigme qui fait les grands succès, surtout quand il est servi avec élégance et fantaisie.

Une fois encore la technologie des images générées par ordinateur s’invite sans tambours ni trompettes afin de participer à l’expérience d’immersion. Certaines scènes dignes de David Lean donnent au grand écran ses lettres de noblesse sans effets ostentatoires. (Depuis Stargate de Roland Emmerich, on sait couper/coller des figurants pour recréer une foule). Et ses possibilités grandioses ajoutent encore à l’élégance extraordinaire de ce merveilleux film. D’un point de vue cinématographique, on assiste à d’audacieuses utilisations du grand angle qui ne sont pas sans rappeler l’innovant Terry Gilliam. Cela contribue à cette mode actuelle de l’immersion. Mais le metteur en scène préfère privilégier l’efficacité et la composition du cadre à une folie steadicam approximative. Non, non, Michael Bay n’a pas fait que des émules. Tom Hooper est un jeune réalisateur consciencieux et inventif. Il a un excellent sens du rythme et sa direction d’acteur est tirée au cordeau. La distribution fait la part belle aux grands talents qui se permettent tous de ne pas rester dans leur « zone de confort » et de proposer une nouvelle facette de leur jeu, surtout que de Winston Churchill à la Reine Elisabeth, tous doivent redonner vie à ces personnages historiques sans entrer dans la caricature. Mention spéciale à Helena Bonham Carter pour son interprétation de la « Reine Mère » et Derek Jacobi très très loin de Frère Cadfael.


Voilà donc un film qui donne envie de retourner souvent au cinéma. Un casting épatant, une mise en scène innovante, des répliques aux petits oignons…
(force est de constater que je vais finir par taguer mes tics de langage !) Surtout ne boudez pas votre plaisir ! Le Discours d’Un Roi offre un nouvel éclairage à l’hypocrite et symbolique « fonction » royale mais aussi permet de comprendre pourquoi le courageux George VI n’a pas fait des vieux os. Il était au mauvais endroit au mauvais moment, tout naturellement il devint un héros…